La 3ème édition des Ateliers de la Terre se tiens en ce moment à courchevel.
La vocation des Ateliers de la Terre est de
rassembler des responsables politiques, des dirigeants d’entreprise,
des scientifiques, des leaders d’opinion et des médias dans un
environnement privilégié. Multidisciplinaire et internationale, cette
rencontre a pour ambition de donner une nouvelle vigueur aux
discussions sur le développement durable.
Voici quelque réflexions de participants à ces conférences qui m'ont parues intéressantes.
Bettina Laville en citant Edgard Morin, lors de la première table ronde, exprime parfaitement notre situation : « Nous sommes paralysés par la complexité ». Partagés,
tiraillés entre la prise conscience de notre besoin de changement et la
lourdeur des modèles que nous aurons à défaire.
Un
enjeu de taille est avancé au fil des conversations : l’écoute. En
effet une multitude d’initiatives révolutionnaires sont amorcées. Elles
sont trop souvent cachées derrière l’ombre des discours et écrasées
sous le catastrophisme ambiant. Nous serions moins paralysés si nous
connaissions, comprenions, étions capables de reproduire toutes ces
actions rassurantes pour l’avenir. Les premiers échanges des Ateliers
de la terre nourris par des témoignages issus de secteurs très variés
démontrent que nous avançons sur ce chemin du partage. Un pas en avant,
qui participera largement à défaire le nœud de la complexité que nous
vivons.
Faustine_Waeckel
Peter Boyle, P-DG de HSBC France, a ouvert les
Ateliers de la Terre par la présentation d’un sondage global sur la
perception du changement climatique par différentes opinions publiques
internationales. Malgré quelques variations selon les pays, les
résultats font apparaître une prise de conscience significative des
risques engendrés par le changement climatique, et de la nécessité
d’agir pour les éviter.
Qui doit agir d’abord ? Les sondés estiment que les gouvernements –
surtout – et les entreprises doivent en faire davantage,
particulièrement par la promotion d’énergies renouvelables. Les sondés
eux-mêmes estiment en faire déjà assez, et leur volonté d’agir
personnellement a même reculé par rapport à 2007. C’est sans doute là
l’enseignement le plus inquiétant du sondage, et l’un des plus grands
défis pour la communication du changement climatique : comment induire
des changements de comportements sur le long terme, en évitant
lassitude et découragement ? Quels que soient nos efforts
d’aujourd’hui, il faudra attendre plusieurs décennies avant d’en voir
les effets, en raison de l’inertie du système climatique. Si l’on
amener de véritables changements comportementaux, il faudra éviter,
avant tout, l’impression d’en avoir déjà fait assez. Lassitude et
découragement seront, dans cette voie, les pires ennemis.
François Gemenne, Chercheur.
Changer de paradigme comme un singe change de
branche ! C’est ce que nous devrions faire pour atteindre l’arbre du
développement durable. Mais pour changer de paradigme encore faut-il en
avoir un de rechange...
Pascal Picq (paléo-anthropologue) a évoqué le phénomène d’hominisation,
c'est-à-dire l’avènement de l’Homme et de sa domination sur la Nature.
Aujourd’hui nos représentations culturelles, religieuses et sociales
nous poussent à justifier cette domination. Ceux qui tentent d’inverser
ces représentations sont traités d’anti-progressistes : comment alors
interpréter le sens du progrès ? Le progrès ne serait-il pas de nous
adapter à notre environnement, plutôt que de l’adapter en fonction de
nos besoins ponctuels? Une vision à long terme doit prévaloir si nous
voulons que le progrès technologique ait des répercussions positives
sur la qualité de vie des générations présentes et futures.
Le progrès est initialement une pensée généreuse,
mais très vite il a établi ses propres règles, dictées par un marché
aveuglé par des impératifs insensés. A quand un changement des règles
pour une modification plus logique de nos comportements ?
David_Drui
Plus d'infos et de compte rendu sur :
le blog des Ateliers de la terreEt sur le site de l'évènement :
Les Ateliers de la Terre